Les Séminaires Thématiques 2025
Effets de la Modernité dans la clinique (8)
Cycle de formation 2025 sous la direction de
Marie-Laure Dimon, Christine Gioja Brunerie et Anne-Marie Leriche
L’énigmatique altérité
Samedi 1er février 2025 :
USIC, 18 rue de Varenne – 75007 Paris
Samedi 14 juin 2025 :
USIC, 18 rue de Varenne – 75007 Paris
Dans le cadre de la formation continue, le CIPA propose deux séminaires thématiques au cours des premier et deuxième trimestres 2024. Ils comporteront chacun deux exposés. Cette année ces séminaires seront animés par Christine Gioja Brunerie et Marie-Laure Dimon . Nous étudierons, à travers les apports spécifiques des intervenants les conflits du sujet dans ses capacités à pouvoir rêver le monde plutôt que de le détruire.
Cette formation s’adresse aux psychanalystes, psychiatres, psychologues cliniciens et aux professionnels intéressés par les effets de rencontre entre le sujet de la singularité et la culture. Ces séminaires observent et interrogent la fabrication du social par les individus et les répercussions du politique et du social dans la psyché humaine avec la modernité.
L’énigmatique altérité
Nous envisageons « l’énigmatique altérité », ou l’exploration de l’Autre dans toute sa complexité, à travers les perspectives d’une « Anthropologie psychanalytique », dans un monde en pleine transformation touchant les structures, les repères et les valeurs. L’anthropologie et la psychanalyse, sont confrontées à l’énigme de l’altérité qui nous transforme, nous défie, et remet en question nos subjectivités individuelles et collectives. En s’adossant à la pensée freudienne, nous examinons la dynamique conflictuelle entre nos pulsions et les exigences de la vie en société. L’altérité nous sollicite à engager un dialogue constant entre le moi et l’Autre, entre le familier et l’étranger et entre l’individuel et le collectif. Ainsi l’individu est-il contraint d’investir l’Autre et de percevoir le monde à travers lui, car la culture est au cœur de la psyché humaine.
Aujourd’hui, nous observons un renversement civilisationnel où la domination de l’homme sur la nature cède la place à la reconnaissance de son interdépendance avec tous les êtres vivants. Cette prise de conscience nous pousse à adopter une nouvelle vision de la Terre et à repenser notre rapport à la nature, en tenant compte du changement climatique et du maintien nécessaire de la biodiversité. Ce renversement s’accompagne de ruptures et de désymbolisations, créant un chaos qui nous oblige à envisager la figure de la catastrophe et à en dépasser les phénomènes régressifs associés au déni, favorisant des angoisses persécutrices, les troubles de l’anxiété, particulièrement chez les adolescents. Les mutations sont propices aux massifications, aux désirs incestueux, aux satisfactions immédiates et à des formes de puissance et de jouissance alimentant le communautarisme et l’individualisme.
Les démocraties occidentales promeuvent l’autonomie du sujet dans sa singularité, en sachant que le mouvement paradoxal entre désir d’autonomie et désir mimétique façonne notre rapport à l’Autre. La psychanalyse dans ses dimensions psychiques et inconscientes éclaire la manière dont les individus et les collectifs abordent la déconstruction des systèmes de domination. Cette prise de conscience des modes historiques de domination et la remise en cause de leur légitimité génère de nouveaux mouvements sociaux et politiques tels le wokisme ou co-produit des dimensions plus relationnelles et sociales qui prennent soin du lien avec l’environnement, la terre.
Marie-Laure Dimon
L’énigme, comme matrice de l’altérité
Samedi 1er février 2025, de 14h à 17h
L’odyssée de l’autonomie : de l’auto-engendrement au corps psychique
Marie-Laure Dimon
En interrogeant la transformation de l’individu et de sa subjectivité,nous explorerons la façon dont la quête moderne de l’autonomie du sujet s’inscritdans un contexte social et historique. En partant des théories de Freud sur la horde primitive et le roman familial, nous examinerons comment des penseurs influents comme Canetti, Grotstein, Aulagnier et Mazurel éclairent les interactions entre dynamiques individuelles et collectives. Nous questionnerons l’évolution de l’individu freudien, dans un monde contemporain, qui puise ses racines dans un passé régressif et chaotique, passé dans lequel l’idée d’auto-engendrement symbolise une autonomie initiale, mais asociale, creuset des radicalités. Le film Le loup de Wall Street illustre les défis de l’intégration de cette autonomie dans un social bien spécifique.
Woke
Albert Le Dorze
Stay woke, mot d’ordre de Black Live Matter, (2013). Le mouvement Woke lutte contre les discriminations raciales, pour la justice sociale. Contestation radicale du pseudo-universalisme blanc de la Raison, des Lumières qui n’a empêché ni la traite esclavagiste des Noirs, ni la domination du patriarche sur la femme, les minorités sexuelles. Nouveau Grand Récit antiraciste, non genré. Multiples identités vivantes (queer). La société doit adopter les valeurs de ces minorités. Activisme trans. Trépied woke : race, sexe, intersectionnalité qui fédère les expériences victimaires.
L’icône du mouvement, Judith Butler, est violemment opposée à la psychanalyse.
Discutante : Christine Gioja Brunerie
L’être humain et l’humanité entre destruction et réparation
Samedi 14 juin 2025, de 14h à 17h
Une apocalypse avec royaume, une apocalypse sans royaume et un «objet à sauver»
Luc Magnenat
Nous discuterons l’art avec lequel un peuple indien d’Amérique du Nord, les Crow, a traversé un désastre environnemental – la disparition du bison – et culturel – le déferlement de la culture naturaliste européenne sur l’Ouest américain – en « rêvant » un nouveau totem qui a été pour eux un « objet à sauver », et un objet qui a sauvé leur pensée et leur subjectivité. En compagnie des Crow, nous réfléchirons à l’actualité des « fronts de la survivance psychique » en situation de catastrophe environnementale et sociale. Soit ce qui nous menace potentiellement aujourd’hui.
La subjectivité à l’épreuve de la condition terrestre
Sophie Gosselin
La catastrophe écologique nous fait découvrir les interdépendances et attachements qui nous lient aux formes de vie non humaines et qu’avant d’être humain nous sommes des êtres terrestres fruits de milliers d’années de coévolution. Nous sommes constitués par ces autres que le récit moderniste d’une Humanité toute-puissante a mis en scène comme des objets à dominer ou des ressources à exploiter. Ces « autres » font aujourd’hui irruption dans l’espace social et politique mais aussi dans nos intimités. Ils reconfigurent les formes de l’espace social et en même temps la relation que nous avons à nous même et à notre propre humanité. Que devient l’humain lorsqu’il se trouve mis à l’épreuve de la condition terrestre ? Comment accueillir la part non humaine qui nous habite et nous constitue ?