À corps parlant. Langues signées
et ressources sémiotiques et narratives du langage

 

Introduction : Marie-Laure Dimon 

C’est un grand plaisir de recevoir au CIPA, Madame Chantal Clouard, orthophoniste, docteur en psychologie, psychanalyste. Vous codirigez le Groupe de recherche sur les apprentissages et le langage à l’Institut national de jeunes sourds de Paris. Vous êtes l’auteur de plusieurs études sur la psychiatrie de l’enfance, vous êtes co-auteur de l’ouvrage, La narrativité, Racines, enjeux et ouverture, avec Bernard Golse et Alain Vanier, colloque de Cerisy, paru en 2017 et co-auteur d’un autre ouvrage avec Myriam Lebovici, Psychanalyse et cinéma.Du visible au dicible, colloque de Cerisy, paru en 2019. Vous êtes coéditrice avec Frédéric Peillon et Dominique Seban-Lefevre, des éditions des Alentours.

Le CIPA a souhaité au cours de cette journée d’étude réunir votre exposé et celui de Gérard Noir. Existe-t-il des similitudes entre le travail du rêve et la langue des signes ? Nous considérons que toute notion abstraite peut être traduite en langage figuré, représentable par une image gestuelle utilisant un répertoire étendu de symboles qui tentent de condenser les matériaux. A contrario du rêve, la langue des signes est soumise, entre-autres, aux contraintes. Le corps est omniprésent dans le travail du peintre, et Merleau-Ponty disait, « le peintre apporte son corps ». Le corps est aussi omniprésent dans le langage des signes, corps propre, corps maternel, langue gestuelle, visuelle enracinée dans les passions originelles. Le signe est donc métaphore, composé de deux mains représentant chacune une image se condensant sur le front, l’intellect.

Expérience troublante, essentielle, que celle de la reconnaissance, à travers des millénaires, d’un autre qui nous ressemble. Dans l’art pariétal supérieur, ces mains peintes sur la paroi sont la présence d’un corps, la manifestation d’humanité et la volonté de communication. A travers traces et empreintes, nous lisons l’intention de celui qui a laissé la marque de sa main sur la paroi, miroir de la nôtre lorsque nous la regardons.

À corps parlant. Langues signées
et ressources sémiotiques et narratives du langage

Exposé de Chantal Clouard*

 

Introduction

Je remercie chaleureusement les membres du CIPA de m’avoir invitée à participer à ce séminaire et tout particulièrement Marie-Laure Dimon, Christine Gioja-Brunerie et Anne-Marie Leriche. Je suis heureuse et honorée de votre invitation. Les thématiques qui sont les vôtres dans ce Collège ouvrent de nouvelles dimensions, interdisciplinaires, aux confins du singulier et du social, de la subjectivité humaine et de l’anthropologie. Ce séminaire consacré « Engrammes de la langue, prémices d’une narrativité préverbale ou verbale » donne une possibilité renouvelée de débats sur ces dites langues gestuelles et sur l’ancrage corporel du symbolique. Dans son livre A l’insu de Babel (2009), Georges-Arthur Goldschmidt affirme que la présence d’une autre langue est là pour « inquiéter » les langues. À quoi nous convient ces langues dans lesquelles « les mains prennent la parole » et où les « yeux (sont là) pour entendre », pour reprendre des ouvrages connus ? (Meynard,1995, Sachs, 1989). À une réflexion sur la perception, la cognition et les fondements sémiotiques du langage. Car la vue y est prévalente – les sourds, des « visuels », ainsi les définit l’anthropologue et ethnologue Yves Depalorte (2002) – de même que l’action, alors que les langues vocales nous ont désengagés pour une part de ces expériences sensorielles précoces. C’est ce que je vous propose d’interroger en décrivant quelques-unes des caractéristiques des langues des signes.


Phénoménologie et anthropologie de la surdité

En préambule, je dirai que faire référence aux langues des signes confronte à une expérience phénoménologique singulière, l’absence d’audition, expérience induite par la mobilisation du système perceptif visuo-gestuel (et non le canal auditivo-oral des langues vocales) comme mode de saisie et d’appropriation du monde environnant. En résulte une construction cognitive et linguistique particulière puisque langage et pensée s’influencent réciproquement. C’est ce que le développement des neurosciences a mieux permis de mettre en évidence dans leurs travaux sur la pensée visuelle, ainsi que la linguistique récente des langues des signes. (Stokoe, 1960, Cuxac, 2000, Sallandre, 2014, Millet, 2019).

Sur un plan anthropologique, la surdité nous place d’emblée entre deux positions : l’une médicale, déficitaire – un handicap à supprimer ou corriger au moyen des techniques prothétiques et de réhabilitation de la parole –, l’autre dans une perspective culturelle extensive : en effet, certains sourds profonds prélinguaux appartenant à des générations de sourds ne se considèrent pas comme des handicapés mais comme des individus appartenant à une communauté sociale, culturelle et linguistique, du fait de l’usage et de la transmission de leur langue. L’évolution actuelle de la notion de handicap avec les Disability studies incline de plus en plus à considérer de nouvelles normes adaptatives établies sur cette déficience physiologique. Le fait que les sourds disposent d’une langue créée dans une communauté d’individus afin de satisfaire à leur besoin de communication est un exemple de création adaptative, contingente (Virole, 2013). Ce qui montre que le langage humain est indépendant de la modalité à laquelle il recourt et que ce qui importe est la prédisposition à créer des signifiants. Le langage est assurément aux confins du biologique et du physiologique, du social, du collectif et du singulier.

Ainsi est-on amené à penser la surdité comme une catégorie anthropologique, une relation particulière au monde, productrice d’une culture et d’une langue originale, hautement spécialisée. La difficulté demeure, comme le rappelle Benvenuto (2011) de penser le manque biologique comme une potentialité féconde, positive, voire créatrice. Pour les cliniciens, une anthropologie psychanalytique ne peut méconnaître cette réalité, en prenant soin de ne pas la penser de manière holistique, mais en veillant à donner place à la manière inédite dont subjectivement la personne se reconnaît ou non comme sourd parmi les sourds, à la manière dont il prend langue, entre dans une langue signée, vocale, ou s’affirme bilingue, et s’affranchit au cours du temps de déterminations conscientes et inconscientes au service du processus de subjectivation.


Le langage des mains dans l’art pariétal

Décrire une langue dans laquelle les mains prennent en charge la dimension symbolique nécessaire à la communication constitue un déplacement important dans les conceptions linguistiques les plus répandues, établies sur l’arbitraire du signe, sur le primat de l’oralité et la linéarité du langage. Un écart parfois difficile à penser qui explique peut-être le rejet ou la fascination qu’exercent les langues des signes et de manière générale la surdité. Ce choc de pensée est peut-être de même nature que la découverte de l’existence d’hommes préhistoriques, – hommes pensants, doués de langage, présence humaine pareille à nous mais tellement éloignée de nous dans le temps –. Si l’on ose l’analogie, l’étrangeté devant les langues des signes serait-elle de même nature que ce « saisissement » (Stavrinaki, 2017) devant l’originaire ou l’infantile, qui viendrait inquiéter les langues et questionner l’identité de l’homme ?

J’aimerais donc m’arrêter sur l’intérêt porté aux mains dans l’art pariétal paléolithique. Je le ferai par un détour poétique, ce texte dit par Marguerite Duras au début de son court-métrage, Les mains négatives, en 1979, « (…) ces peintures de mains trouvées dans les grottes magdaléniennes de l’Europe Sub-Atlantique » :

Devant l’océan sous la falaise sur la paroi de granit
Ces mains
Ouvertes
Bleues
Et noires
Du bleu de l’eau
Du noir de la nuit
L’homme est venu seul dans la grotte face à l’océan
Toutes les mains ont la même taille
Il était seul
L’homme seul dans la grotte a regardé dans la nuit
Dans le bruit de la mer
L’immensité des choses
Et il a crié
Toi qui es nommée toi qui es doué d’identité je t’aime
Ces mains du bleu de l’eau du noir du ciel
Plates
Posées écartelées sur le granit gris
Pour que quelqu’un les ait vues
(…)
Je suis celui qui appelle
Je suis celui qui appelait qui criait il y a trente mille ens

Appel vibrant, cri, besoin d’être entendu et de donner du sens aux événements, affirmation d’une présence humaine seule devant l’immensité et l’hostilité de la nature, présence de quelqu’un qui en appelle à un autre, que Duras a parfaitement saisis, et interrogation sur les premières formes de langage humain, l’origine ou la source imaginée de l’humanité  ?

La fonction de ces mains nous est progressivement mieux connue grâce aux paléontologues et aux préhistoriens.

L’image de la main qui signale le geste humain est centrale, et « s’inscrit dans un système de figuration, de pensée et de communication complexe », nous dit Claudine Cohen ( 2012, p.72), en se gardant de qualifier l’art pariétal d’archaïque ou de primitif.

Parmi les études, dont celles de Leroi-Gourhan (1965, 1967) sur ces premiers systèmes de signes, je retiendrai ici la tentative de description du vocabulaire et d’invariants syntaxiques en termes d’oppositions : mains négatives/mains positives, mains d’hommes/de femmes, couleurs noir/ocre/bleu, oppositions rythmiques, associations avec d’autres dessins comme ceux d’animaux, topographie spécifique, et la signification de ces mains, tout à la fois empreinte, présence et représentation du réel (pictogramme), figure abstraite (idéogramme ou signe) ou marque émotionnelle (psychogramme). Quelle qu’ait été leur signification, ou ce qu’elles peuvent encore nous révéler, les mains témoignent de la présence d’un corps, comme le font les langues des signes dont nous allons nous demander ce qu’elles nous disent du langage humain.


Caractéristiques formelles des langues des signes

De l’histoire, ô combien tumultueuse ! de la langue des signes jusqu’à sa récente reconnaissance comme « langue à part entière » (décret du 11 février 2005 en France), on retiendra que ces langues visuo-corporelles ont été dévalorisées, la vue considérée au xviiie comme un sens trompeur et incomplet, et que paradoxalement on a longtemps pensé les sourds comme incapables de maîtriser leur corps (Villechevrolle, 2019), et souvent rapprochés de l’animalité et de la pulsionnalité.

Les langues des signes ont leur spécificité, décrite véritablement seulement depuis 1960. (Stokoe). Commençons par ce qu’elles ne sont pas. Il ne s’agit pas d’une langue universelle. Il existe non UNE langue, mais des langues des signes[1], selon les communautés où elles ont émergé; ce ne sont pas des langues artificielles inventées – il n’existe pas de construction artificielle d’une langue qui nécessite toujours une interaction et des processus de transmission, d’évolution et de traduction – , elles sont nées d’un besoin naturel de communiquer. Il ne faut pas les confondre – même si en apparence nous pourrions avoir quelques raisons de le faire – avec le mime, la pantomime, la danse, le dessin. Ce ne sont pas des systèmes secondaires (comme le braille, le morse, ou bien encore la dactylologie ou alphabet manuel auxquels elles recourent). Il n’y a pas de contradiction à qualifier ces langues signées de parlées – la parole étant une interaction en face à face pour des sujets qui investissent le langage – mais elles sont non vocales. Enfin, elles ne sont pas inférieures, ou plus pauvres, ou moins complexes même si elles sont langues d’une minorité. (Millet, 2019). Elles satisfont en effet à toutes les modalités du langage, dans sa dimension intersubjective et intrapsychique, et dans ses fonctions, expressive, référentielle, métalinguistique, phatique ou poétique.

[1] Il existerait 5000 à 8000 langues parlées dans le monde. 121 langues des signes répertoriées mais il en existe probablement davantage.


Caractéristiques structurales et sémiotiques

Nous l’avons dit, ces langues utilisent le seul canal visuo-gestuel. Le langage y est perçu de manière syncrétique et l’expression mobilise les mains et différentes parties du corps. Leurs deux fondements majeurs sont l’iconicité – ou imitation, figuration du réel dans la formation des signes – et la spatialité comme ressource des procédés syntaxiques.

Leur implantation neuronale est la même que pour le langage oral :les mêmes zones du langage sont activées, en particulier le cortex auditif de l’hémisphère dominant, mais avec une distribution différente entre les deux hémisphères du fait des composantes spatiales. Sur le plan psycholinguistique, les processus d’acquisition sont comparables ainsi que les trajectoires développementales, avec possiblement une légère avance chez le petit enfant sourd signeur natif.

En ce qui concerne leur description formelle, elles comportent des caractéristiques phonologiques, lexicales, morphosyntaxiques, sémantiques, et des articulateurs manuels (configuration ou forme de la main), et non manuels corporels (pour la localisation et l’orientation des mouvements, – le corps est ainsi lui-même un espace de réalisation du signe –. Ces paramètres sont agencés en paires minimales pour permettre la création de nouveaux signes et leur évolution diachronique, selon des contraintes de composition des signes.

Alors que dans les langues vocales, la parole est soumise à la succession temporelle des phonèmes, les langues des signes combinent simultanément leurs articulateurs pour se déployer dans les trois dimensions de l’espace, auxquelles s’ajoute celle du temps. Sur le plan de la perception, l’œil est ainsi doté d’une bonne résolution spatiale pour traiter ces informations produites en même temps à différents endroits du corps. Sa résolution temporelle est en revanche plus faible, contrairement à l’oreille qui peut traiter des stimuli très rapprochés. La fonction expressive du langage est plus généralement portée par des paramètres suprasegmentaux, l’expression faciale, l’amplitude et la rapidité des mouvements, les productions labiales silencieuses.

La construction syntaxique est ancrée dans l’espace du locuteur et se code au moyen des différentes parties du corps. Cet espace devient dès lors linguistique puisque les signes prennent en charge les valeurs aspectuelles, modales, l’introduction et le maintien des référents. Le pointage permet de placer les personnages dans l’espace.

Une caractéristique importante des langues des signes est la présence de classificateurs, formes manuelles qui expriment par exemple des relations spatiales par le positionnement des mains dans l’espace de signation ou qui se réfèrent à des classes d’objets distincts mais partageant un trait de forme.

Une autre particularité essentielle est celle de la saillance perceptive ou iconicité dans les unités lexicales et dans la syntaxe. La création du signe s’appuie sur le réel de l’objet : ainsi « papillon » ou « arbre », avec une représentation quasi « pictogrammique » du tronc et des branches ancré dans le sol. Le signe emprunte donc des traits visuels propres au référent. Cependant cette trace n’est pas toujours transparente ou repérable, l’iconicité référentielle étant perdue ou à rechercher dans l’histoire du signe (ex : le signe « fille » est issu du ruban de chapeau porté autrefois). Les langues des signes ont ainsi des signifiants dotés de liens analogiques avec les signifiés, contrairement aux langues vocales. La création lexicale est dans certains cas motivée par cet ancrage avec la réalité de l’objet, son contour et sa saillance. C’est ce qui préside souvent à la dénomination, à l’attribution d’un signe pour le prénom. Pour autant, l’arbitraire du signe n’y est pas contredit. Les signes portent la trace anthropologique de leur formation, mais restent soumis aux contraintes différentielles de leur utilisation.

Christian Cuxac (2000) a ainsi décrit plusieurs types d’iconicité, syntaxique, lexicale, pragmatique qui structurent chacune la complexité de l’organisation du langage signé. Il décrit deux modèles du dire : un « donner à voir en disant » et un « dire sans montrer ». Les deux visées, illustrative et non illustrative, sont, au même titre, constitutives de la structure de la langue des signes et deux modes de production du sens différents, autorisant une grande créativité stylistique. Dans la narration, il est toujours possible de recourir à ces deux registres, soit à un vocabulaire standard consigné dans des dictionnaires ou bien à des signes de grande iconicité.

Comme toutes les langues, elles sont soumises aux influences d’autres langues et aux emprunts linguistiques. Dans son film Signer (2017), Nurith Aviv montre comment la langue des signes israélienne (ISL), de création récente, est émaillée d’emprunts à la langue des signes allemande ou arabe. Par ailleurs, l’étude de l’évolution des langues des signes a montré qu’elle s’est effectuée de la main au corps, d’abord selon une voie visuo-manuelle puis peu à peu visuo-corporelle; soit selon une linguistisation ou conventionnalisation progressive des voies gestuelles (Sallandre, 2014).


Universaux du langage et origine des langues

Quelles incidences pouvons-nous dégager de ces caractéristiques quant aux universaux du langage et quant à une origine supposée des langues ?

Le canal visuo-gestuel mobilisé a des liens avec la perception et avec l’action. Certaines expériences sensorielles du petit enfant sourd, gestes de monstration, mimogestualité naturelle, vont donc servir directement pour apprendre à signer, dans un rapport étroit entre ébauches de gestes et premiers signes. Les langues des signes obligeraient ainsi à penser la contiguïté du geste et de la pensée symbolique. Entreraient-elles en résonance avec les processus primaires selon Freud ? Sans doute, avons-nous des difficultés à penser, ou à faire surgir cette possible mémoire inconsciente, traces de « signifiants énigmatiques » ? On pourrait avancer que les mots-signes sont un espace intermédiaire qui sépare les choses de leur représentation, et constituent un entre-deux entre corps et langage. Ceci trouverait sa validité avec les travaux récents en neuropsychologie cognitive montrant que le fonctionnement cérébral est ancré dans l’action intentionnelle : le langage serait produit dans les aires impliquées dans la perception des actions d’autrui. Cette thèse est en adéquation avec la découverte des neurones-miroirs. Nous sommes d’abord en « résonance motrice » (Houdé, 2007) avant que ne s’instaure progressivement une phase « d’inhibition intériorisée ».

L’ancrage dans l’action témoigne également de ce que l’arbitraire du signe n’est pas un absolu et que cette entrée est progressive (Cuxac, 2001). Chez les sujets entendants, lors du développement du langage, les gestes de communication, la mimogestualité, le recours à une certaine figurabilité précédent ou accompagnent la parole, mais la frontière avec les signes linguistiques est beaucoup plus étanche qu’avec les langues signées. La gestualité co-verbale commune aux deux modalités y est également beaucoup plus structurée avec des articulateurs segmentés et dédiés, peu à peu conventionnels et abstraits (Sallandre, 2014).

Les langues des signes nous confrontent au relativisme linguistique. L’existence d’universaux du langage a été longuement débattue. Mais le langage est désormais envisagé comme un mécanisme d’évolution biologique de traits adaptatifs, et la spécialisation d’une aptitude cognitive plus fondamentale, ce que nous montrent les langues des signes. C’est davantage la variation et les différences fondamentales entre les langues qui intéressent désormais les linguistes. (François, 2007, 2013). Les universaux sont à la fois considérés comme indispensables pour la compréhension des faits de langage et impossibles à concevoir du fait de la diversité et de la variabilité interculturelle des langues et des visions du monde qu’elles véhiculent. On a postulé l’existence de « primitifs conceptuels » ou « noyaux » de schèmes cognitifs partagés entre toutes les langues du monde (concepts comme bien/mal, savoir, penser., avoir …). Les langues des signes mettraient en évidence des racines sémiotiques profondes, mieux connues là encore avec les sciences cognitives. Certaines saillances ou extractions de formes (penser, saisir) constitueraient des primitives sémiotiques qui seraient les fondements figuratifs des concepts abstraits en lien avec les bases profondes de la représentation (Dortier, 2003, Virole, 2013).

Cuxac (2001) considère que les langues signées sont de très bons modèles pour analyser la faculté de langage et sa modélisation. Il suggère de penser leurs particularités non comme un manque ou une déperdition mais comme un enrichissement complexe : ainsi le dire en montrant, c’est-à-dire la possibilité de dire et de figurer par la quadridimensionnalité du canal visuo-gestuel est impossible dans les langues vocales unidimensionnelles. La dynamique exhibée avec les classificateurs pourrait inciter ou servir de modèles à l’existence de classificateurs dans certaines langues vocales. De même, comme nous l’avons dit, la saillance perceptive commune à l’ensemble des langues signées incite à penser qu’il existe « des primitives d’interface cognitivo-sémantiques» (2001, p.15) qui ne sont pas accessibles dans les langues vocales ou moins repérables. Enfin, l’expression des émotions traditionnellement rejetée dans les modèles des langues vocales comme extralinguistique, fait partie intégrante de la communication en langue des signes. Ces caractéristiques sont au service de la narration et de la grande créativité expressive et poétique des langues des signes, riches d’enseignement pour la compréhension des interactions langagières et de la pragmatique.

Pour sortir du cadre strictement linguistique et ouvrir le débat que nous aurons, je dirai que la figurabilité des concepts, le langage d’action, la possibilité d’assimiler des représentations imageantes qui fassent véritablement sens, sont celles qui sont recherchées dans le psychodrame analytique. Le langage mis en acte et corporéisé par le jeu est d’un grand intérêt clinique.

D’autre part, l’existence d’un fond sémiotique ancré dans la perception visuelle – ce nouage étroit des images aux signifiants – n’est pas sans évoquer le phénomène du rêve. Les phénomènes de condensation, de déplacement, de figurabilité, son statut topologique, offrent des points de ressemblance avec les langues des signes si l’on considère que le rêve fabrique des images à partir du réel, les utilise comme des signifiants à la manière d’une écriture, avant sa traduction et sa transformation dans la langue. (Chaboudez, 2019).

Le rapprochement a été fait également entre les représentations figuratives mobilisées dans les signes et les idéogrammes. Lacan a ainsi fait référence aux hiéroglyphes et à l’écriture chinoise conservant chacun la présence de l’image ou la trace du geste.

Enfin, le lien du corps au langage, exhibé par les langues des signes, a une portée clinique non négligeable auprès de certains autistes ou chez des enfants présentant de graves troubles du langage oral. Le recours aux signes peut favoriser et soutenir l’entrée ultérieure dans le langage.


Affect, corps et langage. narrativité préverbale.

L’inscription des signes dans le corps, nous rappelle s’il le fallait que le corps est premier et peut prendre en charge des aspects sémantiques et sémiologiques. En 1975, à la conférence de Genève sur le symptôme, Lacan soulignait l’importance du corps :

Si l’homme – cela paraît une banalité que de le dire – n’avait pas ce que l’on appelle un corps, je ne vais pas dire qu’il ne penserait pas, car cela va de soi, mais il ne serait pas profondément capté par l’image de ce corps. (…) Ce point explique beaucoup de choses, et d’abord le privilège qu’a pour lui cette image. Son monde, (…) il le corporéifie, il le fait chose à l’image de son corps. (…).

Intéressons-nous à la façon dont le bébé sourd ou entendant entre dans le langage. Quel est le langage d’avant le langage ? Comment se met-il en place ? On a beaucoup insisté ces dernières années sur les compétences précoces, mais celles-ci s’actualisent avant tout dans les interactions. L’entrée dans l’ordre symbolique est la condition du développement du langage. Pour cela, la mère fait à l’enfant le prêt d’une pensée, d’une subjectivité anticipée mais à venir (Vanier, 2002). Elle y rejoue elle-même son expérience du langage et traduit pour lui les sensations éprouvées inscrites dans son corps qui survivent en tant que traces mnésiques inconscientes. Le corps est donc un corps parlant. Même sans enveloppe sonore comme chez le bébé sourd, grâce aux autres éléments de la sensorialité précoce, regard, mimiques, toucher, sensations, l’enfant est inscrit dans la dimension désirante de la mère, dans toute cette polysensorialité et phénoménalité du langage, ce que des travaux récents nous ont appris relatifs à la narrativité préverbale qui fonde la subjectivité. Les échanges des tous premiers mois sont marqués de ces signaux multimodaux, expressions vocales, faciales, gestuelles, toucher, olfaction qui vont organiser l’accès à l’intersubjectivité. A l’hôpital Necker, dans le cadre du Programme International pour le Langage de l’Enfant (PILE), dirigé par Bernard Golse, nous nous sommes intéressés aux mouvements des mains et des jambes des bébés, à ces indicateurs corporels et interactifs, formes prénarratives de la communication, nécessitant synchronisation et accordage lors des échanges avec la mère. Ces mouvements précédent puis accompagneront le langage à venir.

Cet avant de la langue qui n’est pas encore le langage articulé, Kristeva (1974) l’a nommé le sémiotique (trace, marque), domaine du frayage des pulsions. Elle le désigne comme une chora (espace-réceptacle), faites de rythmes sans expression préœdipiennes, narrativité originelle, maternel archaïque. Pour entrer véritablement dans le symbolique jamais tout à fait séparé du sémiotique, la grammaticalité vient césurer cette chora et rejeter celle-ci ailleurs dans l’inobservable, sauf à en retrouver des traces dans la cure ou dans le langage poétique, là où le signifiant porte l’investissement pulsionnel.

On pense également à la lalangue, introduite par Lacan, pour rendre compte dans le langage non seulement de l’échange et du besoin, mais aussi du désir et de la demande, du nouage entre la jouissance et le signifiant. Lalangue porte la présence des affects et est engagée dans le corps. C’est un tissage de paroles, de gestes, mamanais, prosodie, la part perdue des premières expériences. La mère en est la dépositaire, et on peut la qualifier de maternelle bien qu’elle soit autre chose que la langue vocale ou signée qui s’actualisera ultérieurement et que la mère autorisera comme écart.

Que pouvons-nous savoir du point d’où part la parole ? Qu’est-ce qui est perdu du côté corporel ? La langue des signes nous donnerait-elle à saisir ce qui est rendu inobservable dans les langues orales, abandonné au refoulement originaire ?

Que resterait-il de l’iconicité, imitation du réel, et du geste dans les langues vocales ? Les onomatopées qui sont utilisées par le petit enfant au début du langage avant l’apparition des premiers mots et qui subsistent encore un peu après ? Elles ne désignent pas encore un objet. Elles suivent ou accompagnent l’attention conjointe ou regard porté sur un même objet et la monstration. Pour certains, les onomatopées seraient à l’origine du langage à partir du cri des animaux (Dortier, 2003).


Conclusion

De la préhistoire au bébé, de la phylogénèse à l’ontogénèse et retour.

Selon certains anthropologues et linguistes, le premier code lexical du langage humain était un code naturel visuel et gestuel iconique, d’abord non automatisé puis progressivement plus spécialisé et complexe. L’extension des relations sociales, la ritualisation des actes de communication, auraient conduit à la création d’un code de plus en plus abstrait, automatique, rapide et arbitraire. La modalité auditivo-verbale serait plus tardive dans l’évolution sous l’effet de pressions adaptatives. L’iconicité originelle se serait révélée entravante, ce qui aurait conduit à une économie du visuel et du geste (Givon in François, 2007).

Homo erectus aurait utilisé un proto-langage ou langage mimétique archaïque, Homo sapiens (Néandertal) un langage articulé. Il y aurait ainsi une origine gestuelle du langage ou un stade gestuel préexistant, du fait des limites anatomiques d’Homo erectus.

On a pu dire que le langage gestuel s’apparentait au langage enfantin ou à celui des primitifs et que l’on serait passé phylogénétiquement d’une forme de mime au langage verbal, ou éventuellement d’un mode de communication hybride main/bouche aux formes vocales ou gestuelles actuelles. Dans un article peu connu « Le geste, pratique ou communication ? » Kristeva (1968) avait proposé de considérer la gestualité comme une activité antérieure à la représentation, non pas nécessairement à l’origine de la langue, mais pour penser « une science du geste visant une sémiotique générale, pour penser un autre de la structure phonético-sémantique », inventer un nouveau mode de pensée (1968, p.64). Elle proposait de penser l’autonomie du comportement corporel et en décrire les paramètres spécifiques. C’est certainement l’enseignement que nous livre les langues de signes, à approfondir encore, car elles rendent compte d’une riche et complexe sémiotisation de la gestualité et de la figurabilité.


Questions ouvrant le débat

Par Marie-Laure Dimon

Je vous propose quelques-unes de mes réflexions suscitées par votre texte.

Nous vous remercions infiniment de nous avoir amenés à nous décaler du confort mais aussi de l’enfermement et des tentations de l’ethnocentrisme de la langue, mais aussi de nous faire voyager à travers les frontières des différentes disciplines qui éclairent le passage d’une langue à l’autre, faisant ainsi percevoir l’entre-deux. Percevoir l’entre-deux, c’est aller au cœur de la langue où se produit un décalé à la source de l’intériorité de l’humain, lieu de l’originaire qui n’est pas l’origine; lieu de l’auto-engendrement, des préformes et du pré-langage, celui de la sauvagerie de l’inconscient au fondement du soi.

C’est en tant que clinicienne que je vous ferai part de mes réflexions. Ma pratique en hôpital psychiatrique adulte m’a conduite à la psychothérapie auprès de patients psychotiques et de patients dont l’autisme non diagnostiqué enfants les avaient conduits de famille d’accueil en famille d’accueil puis, un jour, en psychiatrie, en désespoir de cause.

Pourquoi la surdité suscite-t-elle autant de réactions passionnelles et mobilise-t-elle à ce point autant d’ambivalence et de fantasmes ? La surdité bouscule le sujet entendant dans son identité, elle le contraint à remanier ses attaches et son mode de distanciation, elle le contraint aussi à la modification de ses repères langagiers : quand le mot représente la chose, c’est le geste qui se substitue au mot pour représenter la chose. Le geste humain est donc du côté du langage, du symbolique et non de la manifestation de la motricité. Ainsi la langue des signes est-elle le siège d’une expression physique, gestuelle des mains, de la tête et du visage utilisant une modalité à la fois visuelle et gestuelle, celle parfois de tout un corps dans l’exigence du face à face.

Pour le sujet entendant, le sujet sourd, en l’absence de voix, confronterait-il au trop de présence : trop de regards, de gestes, de mimiques, de bruits ? Tout ceci peut laisser advenir chez le sujet entendant une sensation de confusion, voire d’anxiété. La sensualité dans la rencontre est omniprésente car la personne sourde est au plus près de la sensation avec le risque que le ça ne cesse de s’exprimer. Quant au moi n’a-t-il pas trop souvent à vivre que décidément il n’est pas maître chez lui ? Le moi se doit alors de trouver ses limites. Qu’advient-il du conflit entre réalité interne et exigence pulsionnelle ? Reste pour le psychanalyste à ouvrir nombre d’espaces métaphoriques pour laisser advenir les éléments régressifs et élaboratifs.

Peut-on trouver de l’universel avec les sujets sourds ? Les liens unissent les hommes à leur langage par l’émotionnel, les sensations brutes, traces et engrammes pictographiques, tous ces éléments tentent de donner une forme à l’informe, un sens à l’asensé d’un monde pulsionnel en effervescence. C’est le langage des signes qui laissent entrevoir ce lieu où l’infans est un exilé, source inaccessible, source paradoxalement commune à tout être humain quelle que soit sa différence culturelle, linguistique.

Cependant, dans le contre-transfert ces sensations brutes sont vécues parfois comme des morceaux de soi avec ses zones de refoulement, voire de déni venant relever que les phénomènes de surdité peuvent être aussi des deux côtés, car la surdité vit en chacun de nous.


BIBLIOGRAPHIE

Amy G., Golse B. (2017). Bébés, chefs d’orchestre, une danse des mains. Paris : Éditions des Alentours, Coll. Visite guidée.

Aviv N. (2018). Signer. Film-documentaire. Les Films d’ici.

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* Docteur en psychologie. Psychanalyste. Orthophoniste. Co-dirige le Groupe de recherches sur les apprentissages et le langage (GRAL) à l’Institut national de jeunes sourds de Paris