Autour d'un livre...
Lire Jean Nadal
Ce livre s’inscrit dans le prolongement de l’abord freudien et des travaux ultérieurs de M. Klein, P. Aulagnier, A. Green.
Dans le parcours de jean Nadal, tour à tour s’est exprimé un goût pour les beaux-arts d’une part, avec une production picturale et, d’autre part un intérêt pour la psychanalyse qu’il a exercée et a fait de lui l’auteur d’une proposition théorique : la pulsion de peindre. Son approche est celle de la psychanalyse comme anthropologie telle que Freud l’avait posée. L’anthropologie freudienne puise ainsi dans le contexte socio-historique du déroulement d’une pensée et la pulsion de mort en témoigne dans un va et vient qui s’élabore.
Jean Nadal reprend ce travail sur la pulsion, concept princeps,qui démarque la psychanalyse. Il en restitue de multiples abords depuis l’évolution de la notion chez Freud. Il se réfère ici au travail de J.-M. Porret, qu’il complète des apports du biologique, resituant la mort dans le processus de transformation.Il poursuit avec une conceptualisation des voies de la mise en œuvre dans la psyché de cette dynamique originaire mort/vie. Ainsi montre-t-il le jeu de la dualité pulsionnelle dans l’élaboration du travail qu’il appelle « le travail du tableau » ou plus précisément encore « le travail de la toile, ou de l’œuvre ». Il aborde les questions à partir de la sensation (la couleur, la texture, l’odeur), du geste déployé dans la peinture. Évoquant dans la trajectoire freudienne l’association d’idées et d’images motrices et visuelles, l’auteur rapproche de cette façon rêverie et création. Cette proposition permet une analogie entre «le travail de rêve» et «le travail de la toile». La multiplicité des regards introduit un interpersonnel soutenant de cette façon la dimension anthropologique qu’elle convoque.
A l’occasion de ce qui fait rencontre entre Jean Nadal et les artistes, il entre en dialogue avec leurs œuvres au dedans du déploiement de l’intrication vie/mort qu’elles réalisent, pour en partager la dynamique.
Avec Léonard de Vinci (Freud avait ouvert la voie), et grâce au récent apport de la traduction de ses Carnets de notes, s’enrichit maintenant l’approche vers de nouvelles voies d’interprétation. S’y ajoute le travail d’élaboration des courants artistiques contemporains qui renouvellent l’expression plastique. Jean Nadal retient en particulier P. Klee, M. Rothko, K. Malevitch qui, dans notre époque, viennent revisiter et redéployer les moments de la création artistique. Cela permet alors d’approfondir notre approche en revisitant les œuvres du passé comme par exemple le tableau anonyme de Saint Thomas ou encore d’apprécier le mouvement d’œuvres contemporaines telles celles de P Christin.
Pour ceux que la peinture ne laisse pas indifférent, ce livre qui traite de psychanalyse freudienne pour en approfondir les concepts atteint son but, ouvrant un l’accueil à la part vive qui nous est renvoyée par les productions artistiques.