Passé / Présent

Le changement de présidente

Christine Gioja Brunerie

En tant que nouvelle présidente, je succède à Marie-Laure Dimon qui est à cette place depuis mai 2009 et qui nous laisse un héritage fructueux et à continuer de faire fructifier.

 

Avant de vous dire ce que je souhaite pour le CIPA, je voudrais d’abord exprimer ma reconnaissance à Marie-Laure devant tout le travail qu’elle a accompli menant le CIPA sur un chemin remarquable de rigueur et d’intégrité dans l’approfondissement d’une pensée qui nous a guidé.e.s jusqu’à l’observation de l’archaïque et du sensible en lien avec les aléas du monde contemporain. Elle n’a eu de cesse de nous amener vers des idées qui échappaient aux sirènes de la nostalgie et de l’imprécation si faciles à ouvrir dans le monde en crise qui est le nôtre. Elle a toujours choisi de regarder ce qui pouvait être perçu, senti, pensé, élaboré et transformé à partir de ce que nous rencontrons tous les jours dans l’actuel. Cette présence au monde, c’est quelque chose qui m’a toujours profondément touchée chez Marie-Laure et elle a su nous le faire partager intensément dans les choix de recherche qu’elle nous a proposés ou qu’elle a quelquefois acceptés à son corps défendant, en trouvant toujours ce qui pouvait en surgir de façon créative. Ses qualités d’écoute et sa tolérance devant la pensée et la parole des autres, son ouverture au dialogue et son souci du collectif et de l’institution, sont soutenues par une grande rigueur intellectuelle qui le dispute à une puissante capacité de travail au service du CIPA, sans discontinuer, depuis qu’elle en a été membre, vice-présidente puis présidente. Alors, pour tout cela Marie-Laure, un grand merci du fond du cœur ! Par ailleurs, comme nous avons beaucoup travaillé ensemble, je tiens à ajouter que j’ai vraiment apprécié tous ces moments, et même si mes capacités de travail sont loin d’égaler les tiennes, nos façons d’aller au charbon se sont complétées au fil du temps autour du projet du CIPA. Tu apportais des idées qui étaient parlées dans nos réunions de travail au bureau, enrichies et retravaillées par les apports des uns et des autres, nourries aux séminaires interdisciplinaires, et je mettais en forme les activités qui en découlaient grâce aux organes de diffusion que nous avons créés et au fichier d’adresses constitué peu à peu.

 

Et maintenant, même si des choses ont changé, entre autres avec l’arrêt des Rencontres-débat, mes souhaits pour le CIPA se situent vraiment dans une continuité de la pensée qui a été mise en place et dont Marie-Laure nous a rappelé la genèse et le développement au début de cette journée. Nous avons les espaces qu’il faut au CIPA, les Séminaires Interdisciplinaires animés par Marie-Laure Dimon, Louis Moreau de Bellaing et Agnès Antoine, les Séminaires Thématiques, organisés et dirigés par Anne-Marie Leriche, moi-même et pour cette année 2021 par Marie-Laure Dimon également. Michel Brouta a, de son côté apporté ses intérêts théoriques, actuellement en développement via la Newsletter. Mais il va aussi falloir se montrer inventif sur la façon de continuer à faire connaître ce travail. Nous ne savons pas encore de quoi demain sera fait avec cette pandémie qui n’en finit pas. Les technologies nouvelles nous permettent nous voir et nous parler de loin, mais cela signifie des contraintes qui ne sont pas toujours évidentes à vivre mais qui ne doivent pas nous empêcher de penser ni de rencontrer nos collègues d’ailleurs.

 

Membre du CIPA depuis 2005 et depuis 2006 au bureau je connais bien les arcanes du CIPA et son fonctionnement pour y avoir travaillé à son développement tout ce temps avec Marie-Laure et les membres actifs.

 

J’ai repris l’organisation des Séminaires Thématiques d’abord avec Marie-Laure depuis leurs débuts en en 2016 puis avec Anne-Marie Leriche. Auparavant je m’étais déjà occupée de toute la logistique des Conférences Thématiques.

 

J’ai accompagné Marie-Laure dans l’organisation des Rencontres-débat et me suis occupée de tout ce qui concernait leur publicité, de la création des documents à leur diffusion auprès de tous nos correspondants grâce à un fichier que j’ai pu constituer au fil de toutes ces années.

 

A travers les Rencontres-débat, nous avons parcouru un cycle qui s’est achevé et qui demande maintenant de prendre un peu de distance afin d’élaborer toute cette recherche.

 

Je participe également depuis le début aux deux séminaires organisés par Marie-Laure Dimon, Louis Moreau de Bellaing et Agnès Antoine (Un social possible ? et L’originaire dans le monde).

 

Et par ailleurs je veille à ce que le site du CIPA soit mis à jour très régulièrement et j’ai comme projet, avec l’aide d’Elodie Lambert, notre webmaster d’ouvrir une chaîne YouTube pour le CIPA qui nous permettra d’abord d’y rassembler toutes les vidéos qui ont déjà été éditées. Pour ce qui est de la Newsletter diffusée à partir du blog du CIPA et créée par Michel Brouta, celle-ci se transforme en CipaNews sous l’égide du CIPA et est intégrée dans le même domaine que le site. Elle va se développer pour que nous puissions continuer à informer nos correspondants de tout ce qui concerne le CIPA et ses activités. Nous avons à nous montrer inventifs en la matière, sans doute écrire d’avantage à partir de nos travaux, de nos lectures. Ceci reste à débattre entre nous et toutes les propositions seront accueillies avec gratitude.

 

les Séminaires Thématiques restent un organe de pensée et de recherche très actif et d’ailleurs ceux de 2022 sont déjà en gestation sous la responsabilité de Marie-Laure Dimon, Anne-Marie Leriche et moi-même. Ils sont construits en résonnance avec le travail effectués dans les Séminaires Interdisciplinaires de façon à ce que la pensée du CIPA continue à se développer en relation avec l’actualité, le social, le politique reliés à la psychanalyse. Notre temps nous fait vivre des motions très archaïques que nous tentons de théoriser.

 

Je soutiens pleinement les mots de Marie-Laure, à savoir qu’il est important pour nous au CIPA de «contribuer à maintenir une pensée à la fois spécifique et accueillante aux autres pensées dans la continuité des fondateurs», je pense ici tout particulièrement à Jean Nadal. Le désir de Marie-Laure, auquel j’adhère également, «a été que le Collège soit aussi reconnu dans sa spécificité tournée aussi vers l’archaïque, le monde du sensible à la source d’une co-pensée psychanalytique et anthropologique qui contient en elle-même ses limites : limite à l’impétuosité du monde pulsionnel par l’anthropologie et la réalité sociale qu’elle impose, et limite en reconnaissant, en anthropologie, la subjectivité et son côté insurrectionnel qui remet en chantier les certitudes sociales.»

 

La formation dans l’histoire du CIPA est toujours en élaboration, prise qu’elle est dans une mise en tension ponctuée par les conflits qui se déploient entre psychanalyse et anthropologie, autant dans l’inconscient que dans le social : comment faire vivre psychanalyse et anthropologie que celle-ci soit freudienne et/ou critique dans l’élaboration théorique et la clinique ?

 

12 décembre 2020